jeudi 24 décembre 2009
Yuletide
La synthèse est parfaite, authentique, y compris dans sa touche de commercialisme. Il s'agit d'un bon exemple de ce que produit une culture de melting pot, unanimiste: " everyone knows a turkey and some mistletoe help to make the season bright" chante Nat King Cole alors que la ségrégation fait encore rage... http://www.dailymotion.com/video/xuqg2_nat-king-cole-the-christmas-song_music
Dans ce moment de mélange accéléré que connaissent nos pays européens, quelle sera la mythologie nouvelle?
vendredi 11 décembre 2009
Positivement l'amour
Quel est l'équivalent français? Pas les Chti, qui ne sont pas du tout inclusif, peut-être Amélie Poulain (mais ce serait déprimant...).
Plus largement: y-a-t-il une culture française moderne, qui soit à la fois totalement française et réellement moderne, tenant compte de tous les dynamismes et les particularités de la société actuelle, telle qu'elle, et non tel que les uns ou les autres la rêvent? Une culture partagée, savante et populaire, provinciale et parisienne. Quels sont les rites communs, les moments de communion?
On a plutôt un sentiment d'émiettement, de décalage entre un discours élitiste artificiel et une série de cultures populaires, d'histoires différentes. L'identité nationale est intellectuelle (une passion aprtagée pour l'égalité, notamment), plus que ressentie.
Pas étonnant d'ailleurs que nos intellectuels préfèrent Mike Leigh ou le sinistre Ken Loach, chantres misérabilistes d'une Grande Bretagne comme on aime la mepriser de ce côté de la Manche aux films un peu à l'eau de rose comme Love Actually!
dimanche 6 décembre 2009
Engagez vous, rengagez vous
Le cadre, c'est différent, c'est le petit chef, l'agent de maîtrise, le fondé de pouvoir. Il est apparu dans la réalité des grandes entreprises, notamment ferroviaires, à la fin du 19ème siècle. Le mot vient de l'armée et du catholicisme social (Lyautey) - c'est d'ailleur un mot difficile à traduire en anglais - qui parle plus de managers (la notion de direction est alors plus présente). Aux USA, la notion trouve sa consécration avec le livre de Burnham (The managerial revolution,1941, traduit en 1947 l'"Ere des organisateurs" avec une préface de L. Blum, au moment où se forment la CGC et l'AGIRC).
L'après guerre voient leur triomphe, celui de la "main visible" (A. Chandler - étudiant la General Motors de A.P. Sloan), de la technostructure (Galbraith, 1967). Les grandes entreprises gouvernent le monde, dirigées par une armée de cadres qui en planifient le développement à 15 ans, la main dans la main avec l'Etat. Le PDG est le plus ancien dans le grade le plus élevé. Les actionnaires passent au second rang dans le grand bear market des 30 Glorieuses. Les titulaires d'actifs sont laminés par l'inflation. Les grands dirigeants régnent sans partage, s'appuyant sur leurs cadres empilés en couche (layers) sans cesse plus nombreux - le PDG étant l'un des leurs, le plus ancien dans le grade le plus élevé-, tous communiant dans un seul but, l'extension de l'empire,plus gros, plus prévisible, quitte à construire un conglomerat peu digeste et pour finir, peu rentable.
C'est cette pyramide que vient ebranler la fin de l'inflation et le démarrage de la recherche de rentabilité des capitaux investis. Les conglomérats tremble , les barbares sont à la porte (le livre du même nom relatant la prise de controle de Nabisco date de 1990, le film Wall Street de 1987 - sans oublier dès 1983 l'hilarante aventure de la Crimson Permanent Assurance, narrée par les Monty Python).
C'est le démarrage de la remise en cause du pouvoir des cadres, et plus précisément de leur autonomie - de leur progressive aliénation. On supprime des niveaux hierarchiques (delayering), on institue des systèmes hiérarchiques croisés (organisation matricielle). Mais avant d'aller plus loin et de pleurer l'aliénation croissante des cadres, il faudrait s'interroger sur leur statut dans la période 1945/1985, dans la grande entreprise en construction: on connait nombre d'ouvrage qui
pointe déjà du doigt leur position difficile entre la haute direction et les employés (L'imprécateur, 1973), la tentation de s'abandonner complétement à l'entreprise au risque de s'y perdre (Affaires Etrangères, 1979).
Car au début, les cadres ont joué le jeu, souvenons des années 80, et Bernard Tapie et d'Yves Montand, chantre de l'entreprise après avoir decrié l'"usine de Puteaux où je visse sans cesse le meme petit boulon".
Je serais donc tenté de dire que l'aliénation est la caractéristique même de la présence des cadres dans l'entreprise depuis l'origine. Qu'est-ce qui a changé? 4 choses principalement:
- le nombre des cadres dans l'entreprise: il est paralèle à celui du nombre des diplômés de l'enseignement supérieur (de 5000 MBAs par an on passe à plus de 100 000 aux USA seulement, ce qui est enorme en terme de stock); il y a clairement une dévalorisation relative du rôle et de la rémunération des cadres non dirigeants, dans un contexte plus général de l'entreprise par apport à la finance.
- le rythme imprimé par la technologie: de la lettre au blackberry, du voyage à la visioconférence, le délai de réaction s'est réduit à néant, comprimant le temps disponible - phénomène général aggravé en France par la généralisation des 35 heures (d'autant que le rapport au travail est très particulier en France).
- l'autonomie: d'un modèle assez décentralisé (par la force des choses, notamment pour des raisons technologiques!), à un modèle où le cadre n'est plus le dirigeant par délégation de son petit univers, rendant des comptes à des moments espacés, mais pris dans un faisceau de techniques de management, de matrices et de groupes projet.
- la fin du secteur abrité: la concurrence ("un excitant à faible dose, un poison à dose massive") a détruit les situations acquises, les jobs peinards, et a engendré une accélération croissante. C'est sans doute la cause profonde de la perte d'autonomie.
Malgré mes réticences, j'en conclue donc, provisoirement, à la réalité de l'aggravation du malaise des cadres. Les news magazines vont pouvoir continuer de faire leur couverture annuelle sur le sujet ... c'est tout de même un point réconfortant.
vendredi 4 décembre 2009
Le poids des mots
Aurait-on pu parler de la tyrannie exercée par les caisses de retraite sur l'industrie nationale? De la domination sans pitié des Scottish Widows?
Aurait-on alors réalisé ce qui se passe vraiment?