A la reflexion, et contrairement à ce que j'ecrivais dans un vieux post, les facteurs sociaux d'un retour de l'inflation sont minces: les baby boomers n'y ont pas intérêt, et les classes laborieuses, endettées, qui l'avaient soutenu dans les années 60/70 ne sont pas sûrs de leur coup. L'inflation ne réduit pas les dettes, elles en diminue la charge si les revenus suivent les prix. Ce lien n'est en rien garanti (sans parler du facteur fiscal, qui peut jouer, selon le bon vieux Ricardo).
L'Etat peut penser autrement, mais peut-il agir quand les groupes qui le composent sont divisés?
Pour une thèse contraire, voir le post d'Alain Sueur sur l'interessant blog Fugues et Fougues, http://argoul.blog.lemonde.fr/2010/04/06/aurons-nous-inflation-sans-croissance-par-alain-sueur/#xtor=RSS-32280322
mercredi 31 mars 2010
samedi 13 mars 2010
La porte étroite (suite du post du 27 février)
En essayant de poursuivre l'analyse sur le rapport en offre de bacheliers et demandes de cadres, j'ai eu du mal à trouver des statistiques sur les grandes Ecoles- ce que je trouve en soi significatif. Un bloggeur plus chanceux ou disposant de plus de temps développe une réflexion parallèle: http://www.les-cercles.fr/economie/economie-societe/societe/1462-demagogie-francaise-et-grandes-ecoles.
Il est par exemple difficile de suivre l'évolution de longue période des admissions à HEC. On en est réduit à trouver quelques points isolés pour tracer une évolution que l'on voudrait plus précise. Par exemple, la promo 1967 comptait 288 élèves, soit 0,30% des bacheliers (séries "générales") de 1965, tandis que la promo 2009 comptait 388 français (+ 77 étrangers), soit 0,13% des bacheliers des mêmes séries. Le concours est donc 3 fois plus sélectif. La taille de la promo a cru de 34%, quand la demande en cadres supérieurs a au minimum doublée, voire triplée dans les dernières années. Rappelons qu'il y a quelques centaines de polytechniciens et près de 20 000 élèves du MIT.
La sélectivité accrue n'est pas négative en soi, même si elle peut faire débat. On peut considérer que ce n'est pas le rôle des institutions premières que de répondre à la demande. Les autres écoles sont là pour répondre à la demande - d'où la floraison d'écoles de commerce de second voire de troisième rang depuis 30 ans, écoles dont la qualité est tout à fait réelle. Il faut donc élargir la focale. On regarde donc l'ensemble des classes préparatoires, en faisant par commodité l'hypothèse que l'ensemble des élèves trouvent place dans au moins une école - même si on sait que ces classes servent aussi de propédeutique pour contourner les premières années de l'université. Il y a en 2009 environ 220 000 élèves de Grandes Ecoles, soit 70 000 environ par promotion. CQFD.
L'explosion est forte: moins de 10 000 élèves en prépa avant 1950, une vingtaine de milliers dans les années 60, 55 000 vers 2000 et pas loin de 80 000 à la rentrée de 2009. Mais cette explosion est grosso modo parallèle à la demande: un peu moins de 20% des bacheliers en 1960, à peine plus dans les années 90. Elle recouvre d'ailleurs une progression importante... des filles dans les études post-bac.
Le nombre d'élève de prépa représentait 30% de la demande de cadres sup. Ce chiffre est à peu près identique en 2006. C'est qui peu. Il faut donc considérer que les Grandes Ecoles ne forment qu'un cadre supérieur (yc prof. libérales) sur 6.
On est au coeur d'un certain malthusianisme, d'autant que la proportion de fils de cadres supérieurs dans les prépas est 4 fois plus forte que dans la population générale. 60% des élèves sont issus des classes supérieurs ou de parents enseignants (un bachelier inscrit en prépa sur 4 a une mère enseignante!).
Il est par exemple difficile de suivre l'évolution de longue période des admissions à HEC. On en est réduit à trouver quelques points isolés pour tracer une évolution que l'on voudrait plus précise. Par exemple, la promo 1967 comptait 288 élèves, soit 0,30% des bacheliers (séries "générales") de 1965, tandis que la promo 2009 comptait 388 français (+ 77 étrangers), soit 0,13% des bacheliers des mêmes séries. Le concours est donc 3 fois plus sélectif. La taille de la promo a cru de 34%, quand la demande en cadres supérieurs a au minimum doublée, voire triplée dans les dernières années. Rappelons qu'il y a quelques centaines de polytechniciens et près de 20 000 élèves du MIT.
La sélectivité accrue n'est pas négative en soi, même si elle peut faire débat. On peut considérer que ce n'est pas le rôle des institutions premières que de répondre à la demande. Les autres écoles sont là pour répondre à la demande - d'où la floraison d'écoles de commerce de second voire de troisième rang depuis 30 ans, écoles dont la qualité est tout à fait réelle. Il faut donc élargir la focale. On regarde donc l'ensemble des classes préparatoires, en faisant par commodité l'hypothèse que l'ensemble des élèves trouvent place dans au moins une école - même si on sait que ces classes servent aussi de propédeutique pour contourner les premières années de l'université. Il y a en 2009 environ 220 000 élèves de Grandes Ecoles, soit 70 000 environ par promotion. CQFD.
L'explosion est forte: moins de 10 000 élèves en prépa avant 1950, une vingtaine de milliers dans les années 60, 55 000 vers 2000 et pas loin de 80 000 à la rentrée de 2009. Mais cette explosion est grosso modo parallèle à la demande: un peu moins de 20% des bacheliers en 1960, à peine plus dans les années 90. Elle recouvre d'ailleurs une progression importante... des filles dans les études post-bac.
Le nombre d'élève de prépa représentait 30% de la demande de cadres sup. Ce chiffre est à peu près identique en 2006. C'est qui peu. Il faut donc considérer que les Grandes Ecoles ne forment qu'un cadre supérieur (yc prof. libérales) sur 6.
On est au coeur d'un certain malthusianisme, d'autant que la proportion de fils de cadres supérieurs dans les prépas est 4 fois plus forte que dans la population générale. 60% des élèves sont issus des classes supérieurs ou de parents enseignants (un bachelier inscrit en prépa sur 4 a une mère enseignante!).
samedi 6 mars 2010
vendredi 5 mars 2010
Prédictabilité
Les Notes du Déluge ne se refusent pas quelques petites satisfactions, fut-ce au prix de la modestie qui naturellement leur sied.
Les plus fidèles se souviendront peut-être des premiers post et en particulier de la "petite théorie portative" qui faisait le lien entre le Déluge et le départ à la retraite des premiers baby boomers. L'aspect générationnel (les causes démographiques) de cette crise relève du lieu commun - mais, comme les meilleures théories en science physique, cette petite théorie se voit vérifiée empiriquement.
Une étude de la Barclays montre une corrélation étroite entre la valorisation des actions et la proportion de la population agée de 35/54ans dans la population totale. Les mauvaises performances de la bourse depuis 2000 s'expliquent ainsi (tout simplement parce que les gens commencent à liquider leurs actifs en vue de la retraite). Et cela va durer un certain temps...
Les plus fidèles se souviendront peut-être des premiers post et en particulier de la "petite théorie portative" qui faisait le lien entre le Déluge et le départ à la retraite des premiers baby boomers. L'aspect générationnel (les causes démographiques) de cette crise relève du lieu commun - mais, comme les meilleures théories en science physique, cette petite théorie se voit vérifiée empiriquement.
Une étude de la Barclays montre une corrélation étroite entre la valorisation des actions et la proportion de la population agée de 35/54ans dans la population totale. Les mauvaises performances de la bourse depuis 2000 s'expliquent ainsi (tout simplement parce que les gens commencent à liquider leurs actifs en vue de la retraite). Et cela va durer un certain temps...
mardi 2 mars 2010
Les marges inondées
Comme un triste écho à mon poste du mois dernier, voilà que la mer a recouvert des terrains qu'on lui avait arraché et les maisons qui les couvraient.
C'est le sort des marges, d'être occupées puis désertées. C'est la vie même des sociétés, ces flux et reflux - et le degré d'occupation des marges signe l'ensemble. Alors que nous désertons nos espaces ruraux, la moyenne montagne et la morne campagne, nous peuplons les rivages, autrefois déserts.
PS: à lire le remarquable post de slate sur le sujet, http://www.slate.fr/story/18053/tempete-mort-ile-de-re-aiguillon-inondations-responsabilites-polemique
C'est le sort des marges, d'être occupées puis désertées. C'est la vie même des sociétés, ces flux et reflux - et le degré d'occupation des marges signe l'ensemble. Alors que nous désertons nos espaces ruraux, la moyenne montagne et la morne campagne, nous peuplons les rivages, autrefois déserts.
PS: à lire le remarquable post de slate sur le sujet, http://www.slate.fr/story/18053/tempete-mort-ile-de-re-aiguillon-inondations-responsabilites-polemique
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