Pour approfondir le post précedent, je suis maintenant sceptique sur les chances sociales et politiques d'un retour de l'inflation. Encore une fois, c'est la politique intergénérationnelle qui me paraît déterminante. L'inflation est tolérée voire voulue par le corps social quand les forces qui le dominent y trouve leur compte, en l'occurrence des titulaires nets de dette non indexée dont les revenus peuvent suivre la hausse des prix. Ce fut le cas des actifs entre 1960 et 1980. L'Etat, qui a le plus souvent intérêt à voir sa propre dette diminuer a pu emboîter le pas.
Ce n'est plus autant le cas aujourd'hui. La génération dominante est à la retraite ou bien la prépare, avec des revenus susceptibles de ne pas suivre l'inflation (on se souvient de la tonte massive des rentiers entre 1914 et 1930, puis 1945-1980). Les actifs sont moins nombreux, moins engagés politiquement. Une partie de leur endettement est à taux variable. Plus fondamentalement, la situation mondiale de sous-emploi leur fait courir le risque de ne pas voir leur rémunération progresser plus vite que les prix (surtout si l'on prend en compte la part psychologique, évidente en France où domine la perception d'une baisse du pouvoir d'achat en dépit des statistiques témoignant du contraire).
Les États ont, plus que jamais, intérêt à se sortir de son sur endettement par un "bon coup d'inflation", mais ils risquent de ne pas trouver assez d'appui en interne pour s'y engouffrer. La pensée économique dominante depuis 1979 a été ébranlée par la crise, mais elle a de beaux reste, ne serait-ce que parce qu'elle s'appuie sur des réalités générationnelles qui ne changeront que lentement. Il n'est qu'à voir le tollé provoqué par l'opinion pro-inflationniste des économistes du FMI pour s'en convaincre.
Tout cela vaut clairement pour les sociétés dites avancées. Il faut voir quel est l'intérêt des économies émergentes, à commencer par la Chine, qui sont les grandes gagnantes de la crise.
Elles peuvent provoquer l'inflation par leur appétit de matières premières. Il me semble également que la pression à la baisse des prix exercée par les exportations chinoises me paraît se ralentir (les coûts augmentent vite en chine et l'armée de réserve de l'intérieur est moins nombreuse, relativement à la côte).Mais le fait qu'elle soit massivement créditrices (un paradoxe historique) me paraît être un frein. C'est sans doute là que se jouera le basculement ou non dans une nouvelle Grande Inflation.
samedi 10 avril 2010
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