Les mouvements de fond donc, comme une tectonique des plaques, quand la démographie se conjugue avec l'évolution culturelle.
Une hypothèse en l'air: l'histoire des 40/50 dernières années est l'histoire des baby-boomers: ce sont eux qui ont poussé les murs en mai 68 pour fêter leurs 20 ans - et qui se sont payés, en France, un dernier accès de romantisme avec le Changer la Vie de 1981, dans un climat mondial d'aboutissement ultime du grand mouvement tocquevillien de démocratisation (cf Gilles Lipovetski, l'Ere du Vide, si ma mémoire est bonne).
A partir de 1979/1981, le mood de la génération change: il ne s'agit plus de se dépenser ou même de dépenser, mais d'accumuler. Il faut donc que l'avenir ait un prix, et que l'épargne rapporte. Au même moment, entre sa nomination en août 1979 et 1981, P. Volcker a carte blanche pour casser l'inflation et instaurer une politique de taux d'intérêt positifs. La politique financière des 25 années suivantes est une combinaison d'interêts réels positifs, mais assez bon marché pour ce qui est de l'argent à court terme, et d'inflation des actifs (à partir de 1987). La génération des baby boomers accumule, mais à partir d'un effort d'épargne limité, démultiplié par un endettement sans cesse accru, des actifs au prix sans cesse plus élevé, avec des exigences de rendements long terme forcément de plus en plus irréalistes; c'est ce cocktail léthal qui a provoqué la crise actuelle. Ce n'est pas complètement par hasard que la crise a commencé de se déclencher dans les mois qui ont suivi le départ à la retraite des premiers baby boomers - c'est à dire le début de la phase de désaccumulation des actifs agrégés (on n'ose dire épargnés) depuis leur entrée dans la vie active.
Ce n'est pas le seul mouvement, il faudra y revenir et mettre en balance les puissants mouvements d'épargne des pays émergents, en particulier asiatique.
Il faudra aussi revenir sur cette idée: une société à un moment donné se fixe un taux d'interêt unique, directeur, qui est le produit de l'appréciation portée sur l'avenir par les forces dominantes de cette société.
Ce n'est que si ce niveau fondamental se modifie que nous aurons affaire à un véritable déluge - ou à un simple typhon.
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