samedi 13 mars 2010

La porte étroite (suite du post du 27 février)

En essayant de poursuivre l'analyse sur le rapport en offre de bacheliers et demandes de cadres, j'ai eu du mal à trouver des statistiques sur les grandes Ecoles- ce que je trouve en soi significatif. Un bloggeur plus chanceux ou disposant de plus de temps développe une réflexion parallèle: http://www.les-cercles.fr/economie/economie-societe/societe/1462-demagogie-francaise-et-grandes-ecoles.
Il est par exemple difficile de suivre l'évolution de longue période des admissions à HEC. On en est réduit à trouver quelques points isolés pour tracer une évolution que l'on voudrait plus précise. Par exemple, la promo 1967 comptait 288 élèves, soit 0,30% des bacheliers (séries "générales") de 1965, tandis que la promo 2009 comptait 388 français (+ 77 étrangers), soit 0,13% des bacheliers des mêmes séries. Le concours est donc 3 fois plus sélectif. La taille de la promo a cru de 34%, quand la demande en cadres supérieurs a au minimum doublée, voire triplée dans les dernières années. Rappelons qu'il y a quelques centaines de polytechniciens et près de 20 000 élèves du MIT.

La sélectivité accrue n'est pas négative en soi, même si elle peut faire débat. On peut considérer que ce n'est pas le rôle des institutions premières que de répondre à la demande. Les autres écoles sont là pour répondre à la demande - d'où la floraison d'écoles de commerce de second voire de troisième rang depuis 30 ans, écoles dont la qualité est tout à fait réelle. Il faut donc élargir la focale. On regarde donc l'ensemble des classes préparatoires, en faisant par commodité l'hypothèse que l'ensemble des élèves trouvent place dans au moins une école - même si on sait que ces classes servent aussi de propédeutique pour contourner les premières années de l'université. Il y a en 2009 environ 220 000 élèves de Grandes Ecoles, soit 70 000 environ par promotion. CQFD.
L'explosion est forte: moins de 10 000 élèves en prépa avant 1950, une vingtaine de milliers dans les années 60, 55 000 vers 2000 et pas loin de 80 000 à la rentrée de 2009. Mais cette explosion est grosso modo parallèle à la demande: un peu moins de 20% des bacheliers en 1960, à peine plus dans les années 90. Elle recouvre d'ailleurs une progression importante... des filles dans les études post-bac.
Le nombre d'élève de prépa représentait 30% de la demande de cadres sup. Ce chiffre est à peu près identique en 2006. C'est qui peu. Il faut donc considérer que les Grandes Ecoles ne forment qu'un cadre supérieur (yc prof. libérales) sur 6.
On est au coeur d'un certain malthusianisme, d'autant que la proportion de fils de cadres supérieurs dans les prépas est 4 fois plus forte que dans la population générale. 60% des élèves sont issus des classes supérieurs ou de parents enseignants (un bachelier inscrit en prépa sur 4 a une mère enseignante!).

2 commentaires:

  1. Si l'on prend en compte une réflexion sur la marque (ou le goodwill), on ne peut pas envisager que quelques centaines d'élèves supplémentaires par promo remettraient en cause la notoriété ou la réputation de ces dites grandes écoles. Or c'est bien le plus souvent ce que les entreprises françaises "achètent" : une réassurance sur la qualité du diplômé + qu'une réelle évaluation des compétences. Une garantie anti-risque qui nous ramène aux caractéristiques du marché de l'emploi français.

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  2. Clairement!Si je résume mon argument: l'évolution du bac général et des prépas a suivi grosso modo la "demande" de cadres supérieurs. Les Tres Grandes Ecoles sont par contre proportionnellement moins ouvertes et elles se font injures en ne formant pas plus largement.

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