Le bonheur est une idée neuve depuis 200 ans; elle semble le rester si l'on en croit le barouf médiatique autour du rapport Stiglitz-Sen. On a l'air de se rendre compte que les mesures classiques de la Comptabilité Nationale ne capturent pas tout du bien être des populations, - bien sûr!- Nicolas va se battre pour que cela change.
S'il s'agit de constater que le seul PIB est réducteur, et qu'après tout "l'argent ne fait pas le bonheur", il n'était peut-être pas nécessaire de convoquer 2 Prix Nobel et autres sommités à la Sorbonne.
J'aurais plutôt envie de me lancer dans un exercice de méta analyse:
tout d'abord il est piquant de constater que les critiques contemporaines faites au PIB sont vieilles... comme le concept lui-même. C'est une figure proéminente du programme de Terminale, en utilisant les mêmes exemples (si l'on épouse sa bonne, on fait baisser le PIB) que lorsque l'auteur de ces lignes préparait son bac.... arguments eux mêmes développés par les contempteurs (plutôt conservateurs) des pionniers (plutôt progressistes) de la ComptaNat. C'est le vieux combat de l'axe luddo-malthusien contre les progressistes smitho-marxiens.
D'où la deuxième réflexion: pourquoi diable nous, Français, prenons tant de plaisir et de temps à fustiger nos vieilles idoles (car nous avons été pionniers dans ce domaine)? On voit mal comment le fait de ne pas prendre uniquement en compte le PIB changera quoi que ce soit dans l'ordre économique mondial. Il y a bien sur des aspects fondamentaux mal ou pas pris en compte: la distribution des revenus, et tout le domaines des externalités - le coût réel du risque et de la rareté, notamment des ressources non renouvelables. Mais si l'argent ne fait pas le bonheur, on dit qu'il y contribue: et les notions de pouvoir d'achat et de plein emploi, au coeur de la notion de richesse nationale, ne sont pas étrangères aux sensations de bien etre et de sécurité dont on suppose qu'elles ont quelque chose à voir avec le bonheur. On serait presque confus d'appeler le vieux Maslow à la rescousse!
C'est qu'il y a dans notre "cher et vieux pays", une rencontre intéressante entre le vieux fond catholique, gaulliste, spiritualiste et ennemi de l'argent, avec une problématique contemporaine, verte et fatiguée: la tentation de la décroissance, du gel, du ni-ni. Il faudra y revenir.
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