dimanche 1 mai 2011

la dérivée chinoise

Les signaux se multiplient: un article du Monde sur la croissance de la population chinoise, plus faible qu'attendue, une montée du Yuan au dessus d'un seuil significatif contre le dollar, des blog sur la chinese bubble. Ils s'accumulent, depuis quelque mois: quelque chose se passe en Chine, de l'ordre de la fin d'une époque.
La Chine a été le moteur de la mondialisation: depuis le début des années 80 et les 4 modernisations de Deng Xiao Ping, des vagues successives de travailleurs sont venus dans les usines de la cote Pacifique, faisant ainsi du pays "l'atelier du monde", produisant des produits à bas coût, mais à valeur ajoutées croissante, pour le reste du monde. Ce mouvement semble arriver à son terme, ou tout du moins entrer dans la phase de décélération.
Les observateurs attentifs le savaient: la population chinoise en âge de travailler va décliner en proportion de la population totale à partir de 2016 - un élément parmi d'autre indiquant la fin de la première époque de la croissance. Le coût du travail chinois se rapproche du niveau occidental, malgré la sous évaluation du yuan. Les transferts logistiques se ralentissent, et parfois s'inverse sous le coup du renchérissement des transports (sans parler de l'impact marketing négatif du made in china).

Le grand mouvement de désinflation engagé depuis 1979/1982 est donc en passe de s'achever par tarissement du déluge de produit à bas prix venant d'Extrême Orient. Et pour des tonnes de raisons, je ne pense pas que d'autres pays prennent le relais, même si l'Inde est candidate, sans parler des jeunesses arabes et africaines qui devront bien trouver à s'employer.
Pour résumer: en 79/82 le monde occidental fait le choix de stopper l'inflation des coûts, en adoptant des taux d’intérêt positifs, qui s'accompagne (conduit à?) une financiarisation de l'économie, l'inflation des actifs et une succession de bulles nourries d'une accumulation de dettes.

En parallèle, les japonais, puis les chinois s'imposent sur les marchés de biens par une combinaison d'efficacité technique et de bas coûts. Leurs exportations sont converties en réserves monétaires, stérilisées au lieu d'être dépensées - contribuant également à nourrir les bulles d'actifs. Une éthique confucéenne de l'épargne s’oppose à une éthique keynésienne de la dette.
Au bout du compte, le monde est donc face à un grand basculement: face à face s'équilibrent difficilement une montagne de dettes et une montagne de cash. C'est l'enjeu du monde tel qu'il se retrouve à la sortie de la crise de 2007/2009.
Le dilemme est alors le suivant: ou bien l'Orient reste assis sur sa pile de cash, et l'Occident se consume à rembourser sa dette, dans une déflation sans issue. Ou l'Orient libère ses richesses et les dépenses, en partie dans le développement d'une consommation intérieure, en partie dans l'acquisition massive des nombreux actifs occidentaux, et c'est une tension massive qui pèsera sur les ressources. Tous les indicateurs basculeront dans la rareté: le travail, les ressources premières, les actifs, les biens à production limitée (les grands vins, les produits artisanaux de luxe etc.). Avec à la clé une hausse des prix massive, sauf à connaitre un progres tout aussi massif de la productivité des facteurs.

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