dimanche 3 avril 2011

Protestants royaux

Que la famille de Bourbon ait pris la tête du protestantisme français lors des guerres de religion est l'un de ces petits faits de l'histoire, apparemment anecdotiques. Mais l'Histoire se noue et se dénoue ainsi. Le mouvement de contestation de l'Etat et de la religion s'est incarné dans Antoine et Louis de Bourbon, les Condé et les Coligny. Ce n'est sans doute pas par hasard qu'on retrouve ainsi les neveux du Connetable de Bourbon, dernier grand seigneur médiéval à s'être opposé au pouvoir royal, mort au sac de Rome, commandant les lansquenets lutheriens, au service de l'empereur. Le protestantisme français, avant la Fronde, et d'une certaine façon, la nuit du 4 aout est le fait des grands, dans un affrontement direct avec le pouvoir royal capétien, appuyé sur l'eglise. Le contraste est fort avec le protestantisme anglais, pluraliste dès le départ, réparti entre l'anglicanisme du pouvoir royal, le presbytérianisme écossais et le puritanisme des bourgeois londoniens. Les Guerres civiles n'ont donc pas donné naissance à un vrai pluralisme. Le mythe d'Henri IV est un unanimisme sous al bannière d'un roi magnanime - et la "constitution" de l'édit de Nantes ne s'enracine pas en une Magna Carta française. La France attend tout de l'Etat, et le pluralisme n'y est pas populaire.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire