vendredi 8 janvier 2010

Saint Vincent, François, Paul et les autres

On croise de temps à autre des Bixente, des Elen, des Herrick, en se disant que le ridicule ne tue pas. Puis on évoque l'immortel génie de Claire Bretécher, peuplant ses bandes de Bergère, de Myrtil et autres Modern.
C'est l'erreur typique de perspective du réac de base. Tout a toujours été moderne, en rupture. Les ancêtres des nos ducs portaient et portent encore des prénoms issus du francique, de l'ancien germain. Même nos saints ont des prénoms peu catholiques: pour un Paul, parlons de François ("le petit français", certes baptisé Giovanni), de Vincent, le "victorieux" etc.
Tout çà est très loin du parler de Canaan des puritains genevois ou anglo-saxons qui verra refleurir les Abraham et les Noah.
Ces saints ont créé des lignées, des traditions - qui nous semblent aujourd'hui le comble du classicisme tant le temps recouvre toutes les aspérités. Ils ont créé des ordres, dans un esprit de rupture, de conflit et d'innovation. François fuit Assise, rompt avec l'ordre établi pour créé un nouvel ordre (on pense à E.Mounier, s'insurgeant contre le désordre établi), insatisfait par l'évolution de l'ordre institué par Bernard ("brave comme l'ours" en francien). Après deux siècles, ses fratelli seront synonymes de corruption et de dévoiement de l'Eglise et Ignace s'insurgera à son tour.
Il est d'ailleurs remarquable que ces grands saints en ont appelé aux papes contre leur hiérarchie immédiate, temporelle et spirituelle, pour accomplir leur réforme. Ce sont des Innocents, des Calixtes (né Guy ou Gui, encore un prénom germanique), des Grégoires (nés Alexandre, tout çela est bien grec!) et même un Paul (mais né Alexandre) qui les ont soutenus.
Toute petite leçon de ce parcours onomastique: gardons nous d'un conservatisme de premier niveau. Il faut bousculer l'ordre établi pour en créer un nouveau. Reste à savoir qui doit s'en charger. Le danger vient de ceux qui pensent que le nouvel ordre est prévisible. La destruction de l'ordre crée le désordre, c'est à dire la vie, jaillissante, autonome, imprévisible. L'action humaine, qu'elle soit individuelle ou collective (étatique) crée l'inconnu - ce qui est fort réjouissant, tout compte fait.

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