Le problème de l'eau, c'est le sel. L'eau douce ne représente que 2.5% de l'eau présente sur la planète, et un tiers seulement est disponible, sous forme de nappes phréatiques ou d'eau de surface.
On l'a tous appris, l'eau douce s'écoule vers la mer quand elle ne s'évapore pas. Les nappes phréatiques sont rechargées par la pluie. Si l'usage et l'évaporation sont plus rapide que la recharge pluviale, le système se déséquilibre en un immense marais salant... sans même évoquer la mauvaise répartition géographique des usages et des pluies. L'usage de l'eau est donc à surveiller.
Mais cette veille et cette sur-veillance ne sont pas sans problèmes.
Il faut en premier lieu savoir de quoi on parle et aller aux faits. Les usages domestiques et industriels ne représentent que 7% du total, 93% allant à l'agriculture, selon un dossier récent de The Economist - donc peut-être 2 ou 3% pour les usages domestiques. Il est symptomatique de Une rapide recherche donne des resultats assez différents: l'article de Wikipedia parle de 15% (mais ne propose pas de repartition totale), tandis qu'un article publié par John Hokins University parle de 8% (contre 69% à l'agriculture et 23% pour l'industrie).
Mais l'essentiel des publication est consacré aux soit disant surconsommation d'eau domestique:il est beaucoup plus interessant d'économiser l'eau des toilettes ou de culpabiliser les amateurs de bains, condamnés à des douches spartiates.
Trop souvent, l'écologisme détourne des faits réels, en économisant la véracité, pour introduire un discours moralisateur et autoflagellant - au risque de provoquer un retour de baton et la négation de problèmes graves -celui de l'eau en l'espèce.
Les integristes détournent de la religion.
samedi 26 juin 2010
dimanche 20 juin 2010
L'Etrange Défaite
Au risque d'un raccourci facile, la défaite des Bleus un 17 juin donne à penser. Il y a du Gamelin dans Domenech. L'autisme hautain de l'équipe de France et de son encadrement rappelle celui qui présida à l'étrange défaite, pour reprendre le titre de M. Bloch.
Celle-ci n'arrive pas sans s'être annoncée. Sans évoquer les blagues graveleuses qui circulent sur le Net, la tolérance face à la tête de Zidane, à la main d'Henry, ont permis les écarts d'Anelka et consorts.
L'élimination de la Coupe du Monde a au moins le mérite d'être claire et publique, comme le fut le coup de semonce de la dette pour les Grecs. Quel sera l'évènement, on l'espère moins tragique que ceux du printemps 40, qui produiront le même effet sur la conscience publique française?
Celle-ci n'arrive pas sans s'être annoncée. Sans évoquer les blagues graveleuses qui circulent sur le Net, la tolérance face à la tête de Zidane, à la main d'Henry, ont permis les écarts d'Anelka et consorts.
L'élimination de la Coupe du Monde a au moins le mérite d'être claire et publique, comme le fut le coup de semonce de la dette pour les Grecs. Quel sera l'évènement, on l'espère moins tragique que ceux du printemps 40, qui produiront le même effet sur la conscience publique française?
samedi 19 juin 2010
Jeux sans Frontières (2)
Dans le circuit de l'économie nationale, rien ne se perd, ni se crée. Les joueurs s'endettent, le banquier rafle la mise. Mais quand le banquier s'endette, il faut que les joueurs remettent au pot. Les poches vides, ils doivent rentrer et aller gagner leur vie.
C'est l'état des économies nationales, surendettées, cumulant les déficits: la seule sortie "par le haut" consiste à trouver de l'argent à l'extérieur, classiquement à accroître leurs exportations. Là encore, deux issues, la compétitivité par l'innovation et la qualité, ou la compétitivité prix. C'est la première stratégie qui est gagnante à long terme, même si les dévaluations explicites ou cachées permettent de gagner du temps - à condition que le travail de fond soit menée, ou que les écarts de compétitivité soient limités.
C'est la sortie par le haut.
La sortie par le bas, c'est la faillite. J'ai récemment écouté un banquier de gauche, ex d'une présentatrice de télévision, nous expliquer qu'un état n'était pas comme un particulier, il ne peut pas faire faillite.
C'est type du raisonnement en vase clos, érigeant l'Etat en un souverain supraterrestre. Or les Etats font faillite, pas seulement en suspendant les paiements de leur dette, un truc vieux comme le monde... Ils se vendent par appartements, ils mettent leurs actifs au clou, ils font des plans sociaux... Quelques exemples:
- aux temps oubliés de la colonisation, les Etats donnaient en gage les revenus de leurs douanes ou du monopole des produits taxés comme le Tabac (fondation de la
Banque Impériale Ottomane, consortium franco-anglais en 1863...), idem en Tunisie etc.
-quand nous vendons des actifs de l'Etat (d'anciens locaux ministériels du Faubourg St Germain, par exemple, ou des autoroutes); globalement nous avons privatiser pour payer nos dettes, mais sans toujours utiliser le produit de ces ventes pour alléger la charge de la dette pour pour investir dans des projets rapportant plus que le précèdent rendement des actifs cédés!
- quand le sous emploi règne, que se passe-t-il? des migrations! Ce ne sont plus les capitaux étrangers qui viennent s'investir, mais le travail qui se délocalise: ainsi les jeunes qui sont partis à Londres en masse durant les dernières années. L'ajustement structurel va créer du chômage: il ne serait pas étonnant que les Grecs viennent chercher du travail dans les pays plus dynamiques.
On le sous-estime toujours, vu d'ici: le monde a toujours été, et sera de plus en plus, ouvert, ouvert à tous les vents. Les capitaux bougent, mais les hommes aussi. Ce sont eux qui trouvent la sortie.
C'est l'état des économies nationales, surendettées, cumulant les déficits: la seule sortie "par le haut" consiste à trouver de l'argent à l'extérieur, classiquement à accroître leurs exportations. Là encore, deux issues, la compétitivité par l'innovation et la qualité, ou la compétitivité prix. C'est la première stratégie qui est gagnante à long terme, même si les dévaluations explicites ou cachées permettent de gagner du temps - à condition que le travail de fond soit menée, ou que les écarts de compétitivité soient limités.
C'est la sortie par le haut.
La sortie par le bas, c'est la faillite. J'ai récemment écouté un banquier de gauche, ex d'une présentatrice de télévision, nous expliquer qu'un état n'était pas comme un particulier, il ne peut pas faire faillite.
C'est type du raisonnement en vase clos, érigeant l'Etat en un souverain supraterrestre. Or les Etats font faillite, pas seulement en suspendant les paiements de leur dette, un truc vieux comme le monde... Ils se vendent par appartements, ils mettent leurs actifs au clou, ils font des plans sociaux... Quelques exemples:
- aux temps oubliés de la colonisation, les Etats donnaient en gage les revenus de leurs douanes ou du monopole des produits taxés comme le Tabac (fondation de la
Banque Impériale Ottomane, consortium franco-anglais en 1863...), idem en Tunisie etc.
-quand nous vendons des actifs de l'Etat (d'anciens locaux ministériels du Faubourg St Germain, par exemple, ou des autoroutes); globalement nous avons privatiser pour payer nos dettes, mais sans toujours utiliser le produit de ces ventes pour alléger la charge de la dette pour pour investir dans des projets rapportant plus que le précèdent rendement des actifs cédés!
- quand le sous emploi règne, que se passe-t-il? des migrations! Ce ne sont plus les capitaux étrangers qui viennent s'investir, mais le travail qui se délocalise: ainsi les jeunes qui sont partis à Londres en masse durant les dernières années. L'ajustement structurel va créer du chômage: il ne serait pas étonnant que les Grecs viennent chercher du travail dans les pays plus dynamiques.
On le sous-estime toujours, vu d'ici: le monde a toujours été, et sera de plus en plus, ouvert, ouvert à tous les vents. Les capitaux bougent, mais les hommes aussi. Ce sont eux qui trouvent la sortie.
samedi 12 juin 2010
L'autre politique
Il faut l'avouer, depuis la crise grecque, les Notes du Déluge n'ont pas été fidèles à leur ambition, se laissant aller à un libéralisme implicite et inarticulé.
Rien n'est pourtant évident dans ces affaires (dans un récent sondage international, 50% des économistes prévoient une déflation, l'autre moitié annonçant une poussée d'inflation...),et pour bien comprendre les débats, il faut comprendre l'"autre politique".
A la suite de Keynes, elle ne croit pas en l'équilibre automatique de l'économie. Elle aurait plutôt tendance à croire que l'économie s'équilibre à la baisse, en sous-emploi, sans intervention d'un acteur extérieur... qui ne peut être que l'Etat. Il faut relancer, relancer sans cesse une machine qui menace toujours de tomber en panne. Il faut relancer aujourd'hui car "à long terme, nous serons tous morts". Avec le développement de l'économie, il y a sans cesse plus d'épargne, qui alimente un investissement croissant, lequel ne rencontre pas une consommation aussi dynamique (l'épargne croit plus vite que la consommation). Plus on est riche, plus on épargne. Il est donc bon de taxer les riches pour diminuer l'épargne nationale en la réorientant soit vers la consommation soit des investissements moins (immédiatement) productifs. On voit pourquoi la gauche a canonisé Keynes!
Pour les tenants de l'autre politique, les déficits sont doublement un faux problème:
1- les déficits proviennent d'une insuffisance de la recette publique, elle même due au sous-emploi et à la croissance trop lente. Avec une relance convenable viendraient le retour de la croissance, la réduction du chômage et donc une résolution naturelle, à taux de prélèvement constant, du problème de la dette et du financement des retraites.
2- il n'y a aucun inconvénient à taxer davantage les riches; il faut revenir à des taux d'imposition marginaux tel qu'on les a connus dans les années 70, alors qu'aujourd'hui l'essentiel du prélèvement pèse sur les classes moyennes inférieures ( le poids combiné de la TVA -faiblement progressive- et des cotisations sociales - faiblement plafonnées).
L'intervention de l'Etat est naturellement essentielle, puisque les marchés ont fait la preuve de leur incapacité à allouer correctement les ressources. Il faut donc les punir et mettre en oeuvre une politique active d'intervention économique. L'endettement n'a pas vraiment de limite objective, il n'y a pas de raison de se soumettre à des diktats arbitraires de ces marchés myopes et spéculateurs.
Les déficits extérieurs ne sont pas non plus un problème en tant que tels car ils sont largement dus à un déficit de politique économique volontariste. Le problème n'est pas la compétitivité prix mais la mauvaise spécialisation de l'économie, qui va concurrencer les pays émergents sur leur terrain, alors que l'Allemagne peut se permettre des coûts du travail élevés parce qu'ils sont spécialisés sur des créneaux moins concurrencés, à plus forte valeur ajoutée.
Il faut bien méditer la cohérence de cette autre politique.
Rien n'est pourtant évident dans ces affaires (dans un récent sondage international, 50% des économistes prévoient une déflation, l'autre moitié annonçant une poussée d'inflation...),et pour bien comprendre les débats, il faut comprendre l'"autre politique".
A la suite de Keynes, elle ne croit pas en l'équilibre automatique de l'économie. Elle aurait plutôt tendance à croire que l'économie s'équilibre à la baisse, en sous-emploi, sans intervention d'un acteur extérieur... qui ne peut être que l'Etat. Il faut relancer, relancer sans cesse une machine qui menace toujours de tomber en panne. Il faut relancer aujourd'hui car "à long terme, nous serons tous morts". Avec le développement de l'économie, il y a sans cesse plus d'épargne, qui alimente un investissement croissant, lequel ne rencontre pas une consommation aussi dynamique (l'épargne croit plus vite que la consommation). Plus on est riche, plus on épargne. Il est donc bon de taxer les riches pour diminuer l'épargne nationale en la réorientant soit vers la consommation soit des investissements moins (immédiatement) productifs. On voit pourquoi la gauche a canonisé Keynes!
Pour les tenants de l'autre politique, les déficits sont doublement un faux problème:
1- les déficits proviennent d'une insuffisance de la recette publique, elle même due au sous-emploi et à la croissance trop lente. Avec une relance convenable viendraient le retour de la croissance, la réduction du chômage et donc une résolution naturelle, à taux de prélèvement constant, du problème de la dette et du financement des retraites.
2- il n'y a aucun inconvénient à taxer davantage les riches; il faut revenir à des taux d'imposition marginaux tel qu'on les a connus dans les années 70, alors qu'aujourd'hui l'essentiel du prélèvement pèse sur les classes moyennes inférieures ( le poids combiné de la TVA -faiblement progressive- et des cotisations sociales - faiblement plafonnées).
L'intervention de l'Etat est naturellement essentielle, puisque les marchés ont fait la preuve de leur incapacité à allouer correctement les ressources. Il faut donc les punir et mettre en oeuvre une politique active d'intervention économique. L'endettement n'a pas vraiment de limite objective, il n'y a pas de raison de se soumettre à des diktats arbitraires de ces marchés myopes et spéculateurs.
Les déficits extérieurs ne sont pas non plus un problème en tant que tels car ils sont largement dus à un déficit de politique économique volontariste. Le problème n'est pas la compétitivité prix mais la mauvaise spécialisation de l'économie, qui va concurrencer les pays émergents sur leur terrain, alors que l'Allemagne peut se permettre des coûts du travail élevés parce qu'ils sont spécialisés sur des créneaux moins concurrencés, à plus forte valeur ajoutée.
Il faut bien méditer la cohérence de cette autre politique.
Jeux sans frontières (1)
Un lecteur attentif suggère une dévaluation pour nous sortir de l'impasse relance/surendettement. C'est exactement ce qui vient de passer avec la baisse de 20% de l'Euro contre le dollar et les monnaies qui lui sont liés (dont le yuan).
Mais attention, la conséquence classique d'une dévaluation, c'est l'inflation, puisque les prix des marchandises importées augmentent en proportion (à commencer par les produits pétroliers, au total 50% de nos importations ne sont font pas en euro). De l'autre coté, la hausse des exportations (qui peut tirer la croissance et financer le budget) passe par des gains de part de marchés. Or on sait tous que les prix ne sont pas les seuls facteurs de gain ou de perte de parts de marché: la qualité, la spécialisation (le degré d'innovation, l'expérience cumulée), la force commerciale jouent au moins autant - et c'est d'autant plus vrai que la concurrence dont il s'agit ici se situe hors zone euro (un tiers de nos exportations), c'est à dire avec des pays dont les coûts sont largement inférieurs de 20% au notre (plutôt un facteur 1 à 4 voire 1 à 10): concrètement, ce n'est pas une baisse de l'euro qui fera revenir l'industrie textile à Roubaix - par contre, elle peut faire se déplacer une partie des approvisionnement chinois vers le Maroc ou la Tunisie, pays plus proches et liés à l'Euro ou provoquer des réorganisations à l'intérieur des entreprises.
La sortie "vers le haut" que tout le monde appelle de ses voeux est donc assez claire: il s'agit de gagner des parts de marchés en dehors de la zone euro:plus facile et moins long à dire qu'à faire... On n'a pas le sentiment de vivre dans un pays tout entier orienté vers la compétitivité au long cours!
Mais attention, la conséquence classique d'une dévaluation, c'est l'inflation, puisque les prix des marchandises importées augmentent en proportion (à commencer par les produits pétroliers, au total 50% de nos importations ne sont font pas en euro). De l'autre coté, la hausse des exportations (qui peut tirer la croissance et financer le budget) passe par des gains de part de marchés. Or on sait tous que les prix ne sont pas les seuls facteurs de gain ou de perte de parts de marché: la qualité, la spécialisation (le degré d'innovation, l'expérience cumulée), la force commerciale jouent au moins autant - et c'est d'autant plus vrai que la concurrence dont il s'agit ici se situe hors zone euro (un tiers de nos exportations), c'est à dire avec des pays dont les coûts sont largement inférieurs de 20% au notre (plutôt un facteur 1 à 4 voire 1 à 10): concrètement, ce n'est pas une baisse de l'euro qui fera revenir l'industrie textile à Roubaix - par contre, elle peut faire se déplacer une partie des approvisionnement chinois vers le Maroc ou la Tunisie, pays plus proches et liés à l'Euro ou provoquer des réorganisations à l'intérieur des entreprises.
La sortie "vers le haut" que tout le monde appelle de ses voeux est donc assez claire: il s'agit de gagner des parts de marchés en dehors de la zone euro:plus facile et moins long à dire qu'à faire... On n'a pas le sentiment de vivre dans un pays tout entier orienté vers la compétitivité au long cours!
dimanche 6 juin 2010
Le Juif Errant n'existe pas
Lecture passionnante du livre de Shlomo Hand: Comment le peuple Juif fut inventé?
La thèse est provocante: le monde juif n'a pas de réalité ethnique, ni avant la chute du temple aux temps bibliques, ni dans le cadre de la diaspora.
Elle se décompose en plusieurs arguments: le peuple d'Israel, en tant qu'il descend d'Abraham et de Jacob est un mythe et ne recouvre aucune réalité politique avant les Macchabées. Le royaume de Salomon est mythique, tout autant que celui d'Ulysse ou d'Agammemnon. La bible est un récit mythique, tout comme l'Iliade ou l'Odyssée nous parlent d'un passé grec révolu et raconté. La religion judaïque se constitue durant l'exil babylonien, les mythes cananéens se cristallisant au contact du monothéisme persan. Le récit biblique mythique est mis en forme par Esdras et Néhémie comme Hesiode ou Homère ont mis en forme la mythologie hellène - plus tardivement que Finkelstein et Silbermann ne le pensent.
En second lieu, qu'est-il advenu au tournant de notre ère? La religion juive a connu un très grand succès, répondant aux angoisses des peuples de l'Empire Romain, convertissant les individus par milliers - en concurrence avec d'autres espérances (on songe au culte de Mithra... et au christianisme). Les juifs d'aujourd'hui sont les descendants de ces convertis, les juifs d'Afrique du Nord des berbères et les askenazes peut-être des khazars des rives de la Caspienne. Quant aux juifs de Palestine, ils sont restés sur place (pas de trace de baisse de la population après la chute du Temple), ils se sont convertis au christianisme... puis à l'Islam. Les Palestiniens sont donc les vrais produits de la terre d'Israel.
Dans ce schéma, il n'y a donc pas d'ascendance commune entre les Juifs, mais une culture partagée, dont la racine commune est la Torah, rien d'autre.
Les fondateurs sionistes d'Israel étaient donc confrontés à un dilemme. L'unité du peuple qu'ils rassemblaient ne pouvaient être raciale, ils ne souhaitaient pas qu'elle fusse uniquement religieuse. C'est ce dilemme qui rend l'identité israélienne difficile.
Le livre a connu un grand retentissement, en Israel et aussi un peu en France. Il a été vertement critiqué, sur le mode: rien de nouveau, nous savions déjà tout cela, il n'y a pas d'identité raciale, il n'y a pas d'unité culturelle hors de la religion, la culture israélienne est neuve par rapport à ce qui la précède. Tout de même, que de sujets de réflexion par les temps qui courrent...
La thèse est provocante: le monde juif n'a pas de réalité ethnique, ni avant la chute du temple aux temps bibliques, ni dans le cadre de la diaspora.
Elle se décompose en plusieurs arguments: le peuple d'Israel, en tant qu'il descend d'Abraham et de Jacob est un mythe et ne recouvre aucune réalité politique avant les Macchabées. Le royaume de Salomon est mythique, tout autant que celui d'Ulysse ou d'Agammemnon. La bible est un récit mythique, tout comme l'Iliade ou l'Odyssée nous parlent d'un passé grec révolu et raconté. La religion judaïque se constitue durant l'exil babylonien, les mythes cananéens se cristallisant au contact du monothéisme persan. Le récit biblique mythique est mis en forme par Esdras et Néhémie comme Hesiode ou Homère ont mis en forme la mythologie hellène - plus tardivement que Finkelstein et Silbermann ne le pensent.
En second lieu, qu'est-il advenu au tournant de notre ère? La religion juive a connu un très grand succès, répondant aux angoisses des peuples de l'Empire Romain, convertissant les individus par milliers - en concurrence avec d'autres espérances (on songe au culte de Mithra... et au christianisme). Les juifs d'aujourd'hui sont les descendants de ces convertis, les juifs d'Afrique du Nord des berbères et les askenazes peut-être des khazars des rives de la Caspienne. Quant aux juifs de Palestine, ils sont restés sur place (pas de trace de baisse de la population après la chute du Temple), ils se sont convertis au christianisme... puis à l'Islam. Les Palestiniens sont donc les vrais produits de la terre d'Israel.
Dans ce schéma, il n'y a donc pas d'ascendance commune entre les Juifs, mais une culture partagée, dont la racine commune est la Torah, rien d'autre.
Les fondateurs sionistes d'Israel étaient donc confrontés à un dilemme. L'unité du peuple qu'ils rassemblaient ne pouvaient être raciale, ils ne souhaitaient pas qu'elle fusse uniquement religieuse. C'est ce dilemme qui rend l'identité israélienne difficile.
Le livre a connu un grand retentissement, en Israel et aussi un peu en France. Il a été vertement critiqué, sur le mode: rien de nouveau, nous savions déjà tout cela, il n'y a pas d'identité raciale, il n'y a pas d'unité culturelle hors de la religion, la culture israélienne est neuve par rapport à ce qui la précède. Tout de même, que de sujets de réflexion par les temps qui courrent...
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