dimanche 7 juin 2009

Enchainements

Récapitulons: les traders et autres acteurs des marchés financiers reçoivent d'énormes bonus parce que l'industrie financière fait des marges énormes en valeur absolue. L'industrie financière fait des marges énormes parce que l'hyperfinanciarisation a abouti à un développement énorme de la sphère financière -jusque là on est dans les truismes (et on ne va pas en sortir...)! L'essor extraordinaire de la sphère financière est le produit de l'économie d'endettement et de taux d'intéret positif, laquelle s'engendre du déséquilibre épargne/consommation/ investissement qui s'est installé dans le monde depuis l'ouverture de la Chine et de la prise de pouvoir des baby-boomers dans le courant des années 80.
En clair, rien ne va changer (on en a d'ailleurs tous les jours des confirmations), si rien ne change dans cette chaine de conséquence. Plus encore: personne n'est vraiment responsable à chaque étape de la chaine. La nature humaine fait que les acteurs du marché financier vont demander leur "part du gâteau" si le gâteau est gros, c'est un peu stupide de leur reprocher.
Plus exactement: les changements les plus décisifs sont ceux qui interviendront dans l'amont de la chaîne - là où il est le plus difficile d'intervenir. Pour prévenir le retour à la situation antérieure et à la possibilité d'un déluge plus grave encore, il faut sans doute combiner quelques mesures sur l'aval (la sphère financière) et essayer d'adopter des politiques qui influencent l'amont: l'attitude de nos sociétés vis à vis de l'avenir.

2 commentaires:

  1. Interview de Maffesoli dans Challenges, cette semaine : la crise n'est pas économique ou financière mais sociétale :

    http://www.challenges.fr/magazine/tetesaffiche/0172-020641/la_crise_est_societale_pas_economique_ou_financiere.html

    Quelle est cette nouvelle société ?
    Un monde moins économique, plus hédoniste et «émotionnel». Tout commence dans les années 1950, avec le passage de l'architecture moderniste de Le Corbusier ou du style Bauhaus, très fonctionnels, à l'architecture postmoderniste, de bric et de broc, de Robert Venturi ou Ricardo Bofill. Les révoltes juvéniles des années 1960 suivent, il ne faut plus perdre sa vie à la gagner. Puis, depuis les années 2000, la société vit une apocalypse au sens étymologique, elle se révèle à elle-même. Un monde postmoderne émerge.

    Un monde moins rationnel ?
    Oui. La création relègue le travail : il faut faire de sa vie une oeuvre d'art. Etre un bon manager et faire des confitures ! Le mythe du progrès a mené au saccage écologique. Place au présent et au carpe diem... Les jeunes générations ne font plus de projet. Pourtant, les énergies sont là - 330 000 entreprises ont été créées l'an dernier -, mais elles se mobilisent sur l'instant. On comprend une société quand on saisit sa temporalité. Enfin, l'imaginaire supplante le rationnel. Google impose, par exemple, à ses salariés de passer 15 à 20% de leur temps de travail à rêver ou à lire.

    Quels politiques, quels intellectuels réfléchissent à ces évolutions ?
    L'intelligentsia française reste sur les schémas des Lumières et se révèle incapable de dire comment les gens vivent, de mettre des mots sur les choses. Cette déconnexion légitime toutes les explosions.

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  2. Je suis tout de meme un peu réservé sur ce type d'analyse. Ce qui me frappe, c'est au contraire l'intensification du désir, de la compétition, de l'ardeur au travail. Meme si les américains ont emprunté la pente de la facilité en s'endettant, il ne me semble pas que cela se soit traduit par une baisse du rythme d'activité. Si Google impose 15/20% de rêverie ou de lecture, c'eest parceque la sphère du travail des googliens a completement envahi leur sphère personnelle - il n'y a qu'à voir leurs bureaux pour s'en convaincre.

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